Parfois, on n’a pas grand chose à gagner à engager un procès. Pas grand chose si ce n’est la maigre satisfaction d’avoir gagné. Mais gagné quoi ?
Le cas de Ludivine est assez symptomatique. Cadre dans la banque elle tombe amoureuse de Nabil. Ensemble ils auront deux enfants.
Nabil a beaucoup d’ambition et il se lance dans des aventures entrepreneuriales qui malheureusement ne seront pas vraiment couronnées de succès.
Ludivine voit tout cela avec les yeux de l’amour et elle éponge les dettes allant même jusqu’à fermer les yeux sur certaines incartades nocturnes de son mari.
Mais un soir, c’est l’humiliation de trop. Après un énième découchage, Ludivine décide de demander le divorce. Nous obtenons d’abord qu’elle obtienne que la résidence des enfants soit fixée chez elle, alors que Nabil fait l’impossible pour qu’elle en soit privée.
Dès le prononcé du divorce, il va engager une campagne de dénigrement contre elle sans pour autant pouvoir contribuer ne serait-ce qu’à l’éducation et l’entretien des enfants. Il ne travaille plus. Il est furieux de ne plus être entretenu.
Mais à la faveur d’une disputes des enfants avec la mère, l’affaire va prendre une tournure très inattendue. Les deux enfants vont fuguer du domicile de Ludivine pour prendre fait et cause pour Nabil.
Ces derniers décidés à aller habiter chez leur père vont le pousser à saisir le juge aux affaires familiales qui va ordonner leur changement de résidence contre toute attente.
Les premiers jours c’est une Ludivine absolument effondrée que je vais accueillir à mon cabinet. Elle vit légitimement cette situation terrible comme une injustice incroyable parfaitement inconcevable pour elle. La logique aurait voulu qu’elle fasse appel. Mais je l’en ai dissuadé. Elle était harassée de fatigue et manifestement en difficulté avec les deux adolescents au quotidien.
Et puis avec la dislocation de sa petite famille, c’est aussi une importante charge mentale et financière qui s’est évaporée. Ludivine a repris en main sa vie de femme ; ses cours de tennis, ses leçons de violoncelle, sa carrière qu’elle avait laissé totalement au point mort.
La victoire à tout prix aurait été un désastre. En perdant la garde des enfants, Ludivine a gagné avec eux une relation de qualité et un nouveau départ inespéré dans sa vie.
Parfois il faut accepter de se désintoxiquer de notre culture de la victoire pour gagner alors qu’on croyait perdre.