Ah la jeunesse ! L’insouciance, la vie devant soi, les rêves…les désillusions aussi ! 

Lorsqu’on est avocat et médiateur, ont voit passer un certain nombre de couples et je dois dire que ce sont les jeunes qui m’étonnent le plus.. 

La nouvelle génération est souvent critiquée pour sa dimension “enfant gâté”. Je ne dirai pas cela. Je dirais que j’ai affaire à des gens qui peinent à sortir des idées qu’ils se sont faites  

Lorsque je dis cela, je pense instantanément à Ethan et Karine. Deux jeunes actifs qui en apparence ont tout pour eux : de brillantes études, un bébé en bonne santé, des amis et une famille soudée. Oui mais voilà, rien ne va plus. Monsieur reproche à Madame ses caprices. Madame reproche à Monsieur ses absences. Il exècre la princesse qu’il doit entretenir. Elle maudit ce mari fantôme qui n’a plus une minute pour elle. 

Il faut dire que les désillusions sont aussi ravageuses que les attentes démesurées.  

Lorsque je cherche à comprendre ce qui ne va plus et qu’ils se livrent à moi, je réalise de la place où je suis qu’ils ne vivent pas la même relation. Et pourtant ils se sont connus, fréquentés plusieurs années avant de se marier.

 

Ce qui fait tout exploser ce n’est pas le quotidien,  le réel ; ce sont leurs frustrations. Lorsqu’on épouse quelqu’un, il faut savoir qu’il aura nécessairement des failles. Qu’il faudra composer, s’adapter, sacrifier même certains conforts qu’offre le célibat.

Ethan se plaint de ne pas être soutenu, lui qui voulait que sa femme soit le point d’appui de ses ambitions. Elle lui reproche son exaspération en ayant l’impression que tout ce qu’elle lui dit lui paraît futile. Que toutes ses demandes et ses besoins sont des caprices. 

 

Il n’y avait plus de place pour le compromis, la tolérance, le respect mutuel. Oui mais comment s’en sortir sans faire l’effort de comprendre l’autre quand on attend qu’il vous comprenne. Il n’y a pas de réussite sans remise en question !  

Mais le pire est que le schéma est bien souvent appelé à se reproduire. Dans leurs prochaines relations, les attentes insatisfaites les conduiront à avoir encore et toujours plus de frustration. La chute toute aussi dure, condamnant nos jeunes gens, de moins en moins jeunes d’ailleurs, à une succession d’unions en CDD. 

 

Et ce ne sont pas les seuls fautifs. Je déplore un rôle souvent néfaste joué par leurs familles et leurs proches qui par des schémas de projections idéalisées, retirent leur liberté aux intéressés. Je rappelle souvent une règle fondamentale en médiation : Ce qui se passe à la maison doit rester à la maison. 

 

Il manque à tous les Ethan et toutes les Karine davantage de mesures dans leurs attentes, une envie de se projeter dans les aspirations de l’autre. Au risque de briser leurs rêves sur les récifs de l’ubérisation amoureuse…

 

Philippe Assor