Le genre est un sujet de plus en plus porteur. Ce qui relève du féminin et du masculin fait désormais l’objet d’un débat sociétal souvent acharné ou les points de vue les plus antagonistes s’affrontent autour de ce qui relève de l’homme ou de la femme.
Je ne peux m’empêcher lorsque ce sujet fait irruption dans l’actualité de repenser à l’affaire de Jacques et Mylène. Une affaire terrible puisqu’elle s’est soldée par l’assassinat de la femme par le mari. Mais une affaire révélatrice de tout ce que les différences de genre peuvent produire.
Ce meurtre est intervenu après une bataille de plusieurs années autour de la garde des enfants. Alors que Mylène avait obtenu la garde, Jacques, par ailleurs pratiquant le tir sportif et détenteur d’une arme de poing l’a abattue froidement, vidant méthodiquement le chargeur de son 9 mm sur le corps de la malheureuse.
Lui incarnait l’homme dans toute sa virilité ; elle, sublimait la femme dans toute sa grâce. Lors de l’affrontement autour de la garde des enfants, cette dimension très genrée a perduré jusqu’à l’extrême. Elle a cherché à l’atteindre en tant qu’homme en alleguant une sombre affaire d’attouchements sur les enfants. De son côté, il l’a perpétuellement attaquée sur ses prétendues carences maternelles.
Après que le pire se soit produit, c’est Françoise, la mère de Mylène qui m’a demandé de l’assister jusqu’au procès devant la cour d’assises. Lorsque elle a été appelé à la barre et que le père de Jacques a eu à témoigner à son tour, j’ai été comme frappé par l’évidence qui s’imposait à moi : Le couple de Jacques de Mylène s’est effacé derrière un nouvel antagonisme. Celui de la génération des parents.
Mais au delà des témoignages, du reste relativement concordants c’est surtout la symétrie des ascendances qui était frappante : Le père de Jacques était un chirurgien charismatique à la stature imposante qui avait élevé quasiment seul son fils. La mère de Mylène était évidemment tout l’opposé. Une institutrice de province d’une rare élégance et un brin fantasque.
Tout dans cette affaire relevait de l’exacerbation du genre, sur scène comme en coulisses…au passé comme au présent.
Le genre s’invite souvent dans mes dossiers où je lui réserve le meilleur accueil. Loin des nécessités des apparences, dans le secret de mon cabinet, les émotions ont toute leur place. Je dois avouer que les stéréotypes ont la vie dure. Les demandes des hommes ne sont pas les mêmes que celles des femmes, leurs attentes non plus et ceux qui fondent en larmes ne sont pas toujours ceux auquel on pense.
Mais sortirons-nous un jour de la bataille des genres ?
Philippe Assor